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Les Chasseurs de Driant

"Les 56e et 59e B.C.P., sous le commandement de chefs tels que le Colonel Driant, le commandant Renouard et le capitaine Vincent, ont fait, pendant les combats de fin février 1916 l'admiration de tous par l'énergie indomptable avec laquelle ils ont lutté pour conserver le terrain dont la défense leur avait été confiée; ne formant qu'une seule âme, unis dans la même foi, ils ont montré une fois de plus ce qu'on peut attendre de ces soldats d'élite et ont ajouté une grande et belle page à leur histoire."

Citation à l'ordre de l'Armée (ordre général du 18 avril 1916, du général Philippe Pétain, commandant la IIIe Armée)

Des héros ordinaires

Ils venaient du Nord, de Picardie, de Champagne, de Lorraine, ou de Paris...

Ils étaient paysans, ouvriers, instituteurs, ingénieurs, médecins, militaires...

Ils étaient enfants, pères, frères, maris ou fiancés...

Ils étaient chasseurs, caporaux, sous-officiers ou officiers...

C'étaient des hommes ordinaires.

 

Ils étaient des hommes ordinaires, mais pleinement conscients de ce qu'ils devaient accomplir. A l'instar de leurs anciens, les Chasseurs d'Orléans à Sidi-Brahim, ils ont incarné "l'esprit chasseur" en faisant preuve d'un "dévouement absolu qui sait aller, lorsqu'il le faut, jusqu'au sacrifice total". Les 21 et 22 février 1916, au Bois des Caures, devant Verdun, ils ont combattu durant 2 jours, sous les ordres du lieutenant-colonel Emile Driant, et retardé de façon décisive l'offensive allemande. Parce que c'était leur devoir de citoyens, de soldats défendant leur patrie, tous sont allés au devant d'une mort certaine "pour sauver Verdun, pour sauver la France".

Ils se sont comportés comme des héros et sont entrés dans la Légende...

Ce sont les "CHASSEURS DE DRIANT" !​​

Chasseurs des 56e et 59e BCP

Les "Chasseurs de Driant" forment un groupement des 56e et 59e Bataillons de Chasseurs à pied, placés sous les ordres du lieutenant-colonel Emile Driant.

Ces deux bataillons sont formés de réservistes, d'hommes d'âge mûr qui ont fait leur service militaire au cours de la quinzaine d’années qui a précédée la guerre. A la déclaration de guerre, ils ont donc entre 30 et 40 ans. La plupart ont un métier, une famille, des enfants. Et du jour au lendemain, en vingt- quatre heures, ils ont tout quitté pour remplir leur devoir. On peut aisément imaginer les conséquences d’un tel départ inopiné au sein d’une famille, d’un commerce ou d’un petit atelier artisanal.

 

Le 56e est mis sur pied le 4 août 1914, à Lille, par le 16e Bataillon de Chasseurs à pied. L'on identifie les bataillons de Chasseurs par un numéro et par un refrain. On ajoute le chiffre 40 au numéro du bataillon d’active pour avoir le numéro de son bataillon de réserve. Le 56e est placé sous le commandement du capitaine FLAMME, officier d’active du 16e BCP Il compte 19 officiers et 1081 sous-officiers, caporaux et chasseurs. Ses hommes sont de rudes gaillards, principalement des « Ch’tis » du Nord de la France.

 

Le 59e, lui, a commencé sa mise sur pied, dès le 3 août, à Epernay, avec un encadrement issu du 19e Bataillon de Chasseurs à pied, stationné à Verdun. Il est commandé par le capitaine BROCARD. Il dispose d’effectifs identiques au 56e, soit environ 1100 hommes. La majeure partie proviennent de l’Aisne, un fort contingent de parisiens et de meusiens, quelques gars du Nord le complétait. Ils seront après les premières pertes, renforcés par des territoriaux pour la plupart originaires de Normandie.

 

Au 56e comme au 59e, beaucoup viennent de régions qui seront envahies et occupées par l’ennemi. La plupart seront pendant le conflit sans nouvelles de leur famille.

La mise sur pied et l’équipement des hommes dans les dépôts s’effectuent en quelques jours, dans une bonne ambiance, car beaucoup retrouvent des camarades rencontrés pendant le service militaire ou des têtes connues, provenant des villages voisins de leur région d’origine. Très rapidement, à partir du 5 août, les deux bataillons, chacun de leur côté, sont acheminés par voie ferrée dans la région de Verdun où ils rejoignent la 72e Division d’Infanterie. 

 

Comme l’ensemble de la population, les Chasseurs pensent que la guerre sera courte et que leur situation de réserviste leur vaudra de ne pas être en première ligne. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans les premiers jours de leur installation dans la région de Verdun, où ils patrouillent aux alentours, tout en effectuant également des travaux de mise en défense de certains points. On sait qu’ils déchanteront rapidement, car devant les désastres des premiers jours de combat, toutes les réserves sont rapidement engagées.

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Le 14 août, sur ordre du Général Coutenceau, gouverneur de Verdun, ces 2 bataillons sont placés sous les ordres d’un même Chef pour former un seul groupe. Celui-ci prend son commandement le 15 août 1914, alors que les 2 bataillons sont stationnés à Sommedieue, au sud-est de Verdun, entre Verdun et Les Eparges. Ce jour-là, le temps est noir, il pleut à grosses gouttes. Les 2 bataillons sont impeccablement alignés derrière leurs chefs de corps respectifs, astiqués comme pour une revue de 14 juillet. Ils sont trempés mais restent stoïquement immobiles à leur place. Le lieutenant Paul Simon nous raconte leur rencontre avec leur nouveau Chef :

« Voici le commandant : il arrive sans manteau. C’est un homme de taille moyenne, aux cheveux grisonnants, à l’œil vif et clair ; il a très bonne figure sous la grosse moustache blanche qui lui barre le visage. Il se tient droit et donne l’impression d’un homme à la fois ferme et très bienveillant. On sent en lui le chef. Il parle. Les mots coulent de source et très facilement ; il connaît ce qu’il faut dire aux hommes et, de suite, il les conquiert. Un fait achève de lui concilier les sympathies ; il ne cherche pas à s’abriter, malgré la pluie qui tombe à flots. Il passe devant nos rangs rapidement, appelle les deux chefs de corps et leur donne l’ordre de nous emmener, car par ce mauvais temps, il aurait scrupule de nous retenir plus longtemps et de faire préparer immédiatement des boissons chaudes. Le contact est pris. Tout de suite, le commandant a su conquérir les Chasseurs, qui se montrent très heureux de servir sous les ordres d’un tel chef. » Le lieutenant Leroy dira de son côté : « D’emblée le commandant a conquis les cœurs. Il a une façon de regarder les hommes, de leur parler qui présage le Chef »

Ce Chef deviendra pour chacun de ces Chasseurs, le Père Driant. Sous son commandement, ils deviendront pour toujours les "Chasseurs de Driant".

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